Qu'est-ce que la luminothérapie ? Encore appelée héliothérapie par les Grecs ou plus récemment photothérapie, la luminothérapie soigne certains de nos maux par la lumière naturelle du soleil ou par la lumière artificielle reproduisant certains rayons bienfaiteurs du soleil. Reconnu pour traiter la dépression, réguler les problèmes de sommeil ou améliorer les maladies dermatologiques, le soleil possède bien des vertus qu'il nous reste encore à découvrir. Cette page va nous emmener sur les traces de la luminothérapie de l'Antiquité à nos jours. Les techniques ont bien évidemment évolué, mais le soleil est fidèle à lui-même : sa lumière et son énergie soignent les troubles physiques et psychiques et règlent le rythme de nos vies. Nous avons donc un formidable outil naturel de thérapie à notre portée, pour l'amélioration de notre santé.
Sommaire
La luminothérapie et l'Antiquité
Que ce soit les Egyptiens, les Grecs, les Romains, certains peuples du Nord et de l'Asie, l'Antiquité rend hommage au soleil et découvre en lui les premiers bienfaits de la luminothérapie. Les Egyptiens et les Grecs ont construit de nombreux temples à la gloire du soleil, qu'ils l'aient appelé Râ ou Hélios. Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, laissera des études sur les effets du soleil sur notre santé qui seront reprises, quelques siècles plus tard, par la médecine moderne de l'époque arabe ou romaine.
Les premiers bains de soleil antiques ont démontré l'importance de la lumière sur notre santé. Nos anciens ont rapidement compris que l'exposition au soleil permettait de sécher la peau, d'assainir les plaies ou de réguler le sommeil. Bien que balbutiante, cette médecine du soleil a su traverser les siècles avant de prendre son véritable envol au XIXe siècle.
Niels Ryberg Finsen, le père de la luminothérapie moderne
Niels Finsen nait en 1860 aux iles Féroé (Danemark). De santé fragile, Finsen, alors étudiant en médecine, devenu pratiquement invalide des suites d'une maladie neurodégénérative, a l'idée de s'exposer à la lumière du soleil. Dès 1888, Finsen commence ses premiers travaux de recherches sur les effets du soleil et de la lumière. Il démontre que la lumière est composée de différentes radiations, dont les ultra-violets. Il prouve également que l'exposition à certains rayons du soleil est dommageable à la santé, alors que d'autres, au contraire, sont bénéfiques.
Finsen dirige ensuite ses recherches vers les maladies de la peau et met au point une technique de concentration des rayons du soleil appliquée sur la peau de patients atteints de lupus vulgaire. Il expose certains d'entre eux, atteints du lupus tuberculeux, à des bains de soleil et étoffe ses recherches. Il étend enfin ses connaissances en luminothérapie par la découverte du traitement de la variole, à l'aide d'une lumière de couleur rouge.
Création de l'Institut Finsen à Copenhague
Reconnu par ses pairs au Danemark, des mécènes privés et publics oeuvrent à la création de l'institut Finsen à Copenhague où le médecin poursuit ses travaux. Il y crée une salle de traitement par la lumière du soleil et met au point des lampes équipées de lentilles de quartz qui concentre plus ou moins les rayons de la lumière, permettant ainsi leur sélection. Il perfectionne ses lampes par l'ajout d'eau distillée entre les lentilles. Il découvre que l'eau arrête les rayons rouges du soleil et laisse passer ceux de couleur bleue qui ont une action bactéricide. Il ajoute ensuite, après bien des essais, un système de refroidissement pour ne pas brûler le corps des patients exposés.
Les ouvrages de Finsen sur la luminothérapie
Malgré son handicap, Finsen rédige trois ouvrages reprenant l'ensemble de ses travaux :
- On the Effects of Light on the Skin en 1893 ("Sur les effets de la lumière sur la peau");
- The Use of Concentrated Light in Rays in Medicine en 1896 ("L'emploi des rayons concentrés de la lumière en médecine");
- La Photothérapie en 1899.
Seul le dernier ouvrage est disponible en langue française.
Finsen reçoit le prix Nobel de Médecine en 1903 pour l'ensemble de ses travaux et s'éteint en 1904 à seulement 44 ans.
XXe siècle : coup d'arrêt, puis nouvel essor de la luminothérapie
Le début du XXe siècle jusque dans les années 1940 permet le développement des solariums en France. De nombreux instituts voient le jour, notamment dans les Alpes, à Aix-les-Bains où un solarium tournant est installé à l'initiative du docteur Jean Saidman. Ce solarium est muni d'une plateforme mobile centrale et de salles de soins réparties sur le pourtour du bâtiment. Lorsque la lumière n'est pas suffisante, cette construction unique en France soigne les patients à l'aide de lampes à arc polymétallique et de lampes à infrarouges.
Le corps médical reconnaît les résultats de cette luminothérapie, appelée également luxthérapie (en référence au lux qui est l'unité de mesure de l'éclairement lumineux). L'apparition des premiers vaccins et de la pénicilline mettent un frein aux traitements par luminothérapie qui tombent peu à peu dans l'oubli.
Les années 1980 marquent le retour du traitement par luminothérapie avec les premiers essais cliniques de la photothérapie pour lutter contre les effets de la dépression saisonnière aux Etats-Unis. Forts de ces essais concluants, le traitement par luminothérapie est ensuite étendu à la thérapie des troubles du sommeil puis de la dépression classique.
La reconnaissance officielle de la luminothérapie en 2005 la place en bonne position pour lutter contre :
- les troubles du sommeil;
- la dépression saisonnière;
- la dépression classique;
- les problèmes de peau;
- le manque de soleil au cours de l'hiver, notamment dans les pays du Nord;
- les troubles du comportement;
- les migraines.
Elle est aujourd'hui pratiquée et recommandée par de nombreux médecins en France et à travers le monde.
Le futur de la luminothérapie dans la dépression saisonnière et les troubles du sommeil
Les bienfaits de la luminothérapie ne sont aujourd'hui plus à démontrer. L'utilisation régulière de lampes de luminothérapie (environ 30 minutes par jour) permet d'apaiser la dépression saisonnière et de traiter les troubles du sommeil. La photothérapie stimule, par la perception d'impulsions électriques reçue par la voie optique, dite voie rétino-hypothalamique, la production de mélatonine et de sérotonine mise à mal par le manque de lumière, notamment en période hivernale.
En faisant croire à la glande pinéale qui synthétise ces hormones qu'il fait jour alors que la nuit est bien présente, la luminothérapie voit les effets des troubles de la dépression saisonnière et du sommeil extrêmement limités. Ainsi, les lampes règlent à nouveau l'horloge biologique (rythme jour et nuit) et mettent en action le plus puissant des synchroniseurs de cette horloge : la lumière.
Les pays scandinaves l'ont bien compris et offrent des séances de luminothérapie aux enfants et aux adultes lorsque la nuit l'emporte sur le jour en hiver. Directement dispensée sur le lieu de travail ou dans les écoles, cette thérapie par la lumière apporte de nombreux bienfaits, redonne de l'énergie, régule le sommeil sans aucune prescription médicamenteuse.
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