L'acupression est une très ancienne méthode de médecine chinoise, axée sur la prévention et la guérison des douleurs, tensions et multiples pathologies qui viennent affaiblir et faire souffrir notre organisme. La pratique de l'acupression consiste à appliquer une pression sur des points méridiens précis du corps humain pour équilibrer la circulation d'une énergie interne, associée au corps, à l'esprit, aux émotions et finalement, à la vie elle-même.
L'acupression et l'acupuncture sont basées sur les mêmes points, mais là où l'acupuncture utilise des aiguilles, l'acupression pratique des pressions effectuées avec les mains et les doigts.
Nous vous proposons de découvrir les origines et la longue histoire de cette médecine traditionnelle venue de Chine, histoire qui nous permettra également d'en savoir plus sur le fonctionnement et les effets sur la santé de l'acupression et, indirectement, de l'acupuncture, du fait de leurs nombreuses similitudes.
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Des origines liées à la pratique instinctive de l'automassage
Avant même de se pencher plus avant sur les premières traces écrites formalisant la pratique de l'acupression, il est indispensable de souligner l'aspect instinctif du massage de points de douleur. Effectivement, qui n'a pas eu le réflexe de se masser le cou pour soulager une tension musculaire et qui n'a pas essayé d'appuyer fermement sur son crâne pour diminuer les effets d'une migraine ?
Le caractère instinctif du massage de points du corps est important, car il a forcément participé à l'élaboration empirique de l'acupression et de l'acupuncture, en permettant de trouver progressivement des points d'action pour lesquels des effets positifs ont été ressentis, et ce, avant même la mise en forme d'une "carte" des points méridiens d'acupression.
L'acupression est donc l'une des nombreuses branches de la médecine chinoise, cependant, les premiers écrits attestant de cette pratique à des fins thérapeutiques sont tirés d'un traité de médecine ayurvédique, il y a 5000 ans, en Inde, ou l'acupressure reste utilisée de nos jours. Pour ce qui est de la Chine, il existe beaucoup d'avis divergents, selon les sciences pratiquées : histoire de la Chine, archéologie ou histoire de la médecine.
Il est souvent fait mention d'un recueil chinois, le Tao yin, datant de 2500 ans, qui comporterait une description d'une méthode de massage ou automassage sur des points clés du corps pour dynamiser l'organisme et éliminer les toxines du corps. Le Tao yin est également considéré comme le point de départ de l'extension des méthodes de médecine traditionnelle chinoise à toute l'Asie.
Pour leur part, les archéologues et de nombreux historiens fixent au 2e siècle avant notre ère la première allusion certifiée à l'utilisation des points méridiens d'acupression. Cette référence clairement datée et attestée est un ouvrage dont l'auteur est Sima Qian, dans lequel est racontée l'histoire d'un médecin chinois devant défendre l'efficacité thérapeutique de sa pratique des aiguilles et de l'acupuncture, ce qui semblerait dater non pas le début de sa pratique, mais celui de sa démocratisation et de son utilisation officielle au sein de la médecine traditionnelle.
La longue histoire de l'acupression en Chine est donc difficile à retracer avec certitude, d'autant plus que les spécialistes de la Chine soulignent l'importance culturelle pour les Chinois de juger de l'efficacité d'une pratique par le prisme de son ancienneté, ce qui pourrait donc naturellement pousser à vieillir les origines de l'acupression pour renforcer son statut. Point qui, vu de la France du 21e siècle, importe finalement peu.
L'introduction de l'acupression en Europe et en France
Un médecin néerlandais de la Compagnie des Indes est considéré comme le premier à avoir introduit en Europe les principes et la connaissance de points méridiens utilisés en acupuncture et en acupression, en 1679. Il aurait découvert cette méthode lors d'un séjour de deux ans au Japon, pays faisant partie de ceux ayant adopté et mis en pratique l'acupuncture depuis fort longtemps, du fait de sa proximité géographique avec la Chine et la Corée, non divisée à l'époque.
Il faudra attendre un siècle supplémentaire pour voir la France séduite par l'envie de découvrir les secrets de ce pan de la médecine traditionnelle chinoise, à savoir le traitement de la santé du corps et de l'esprit par l'intermédiaire de points interconnectés, formant un vaste réseau d'énergie vitale, ou souffle vital selon la dénomination asiatique du QI.
Le procédé de l'acupression est donc révélé en France dans les livres de Dujardin et de Vicq d'Azyr et pour l'anecdote, il semblerait que le premier à avoir essayé l'effet des aiguilles d'acupuncture soit Louis Berlioz, père du célèbre compositeur. Il fut suivi par de nombreux membres du corps médical, sceptiques pour la plupart, dont René Laennec, dont le nom est associé à d'importantes découvertes dans le domaine des sciences et de la médecine.
C'est en 1927 que l'acupression et l'acupuncture vont gagner en popularité et en patients, suite aux travaux de George Soulié de Morant, qui publia un véritable traité à son retour d'un long voyage en Chine, dédié à l'apprentissage détaillé de ces techniques.
Acupression et acupuncture modernes
La France fut l'un des premiers pays à établir des consultations hospitalières d'acupuncture, en 1932, puis à faire entrer la méthode dans la nomenclature des actes médicaux, ouvrant de la sorte le droit à un remboursement par la sécurité sociale en 1948. Ces premières reconnaissances officielles de la pratique de l'acupuncture et de l'acupression sont suivies par des avancées déterminantes, telles que la possibilité de suivre des cours dans les facultés de médecine (1987), puis d'obtenir une capacité de médecine depuis l'année 2007.
De nos jours, la pratique de l'acupuncture en France est donc réservée aux médecins, sans toutefois être considérée comme une spécialité, mais comme une "orientation médicale", officialisée par une déclaration. Pour ce qui est de l'acupression, de nombreuses formations sont disponibles, certaines étant considérées comme diplômantes.
Avec ou sans aiguilles, les techniques liées à l'utilisation des points méridiens restent une part essentielle des médecines traditionnelles en Chine et à Taiwan, où elles sont pratiquées dans des hôpitaux disposant d'une notoriété mondiale, au point de faire de ces établissements des centres de soins prisés par les locaux, mais aussi par des patients venus du monde entier.